Fantasmes et marketing: les vérités sur les bols tibétains:

Les bols tibétains sont fabriqués par des moines dans des monastères au Tibet.

Non, les moines tibétains ne fabriquent pas de bols chantants, ni au Tibet, ni ailleurs.  La vérité de la fabrication ne se situe pas dans le domaine du fantasme, mais le savoir-faire du martèlement vient du golfe du Bengale, et de Calcutta.

Dans cette région, des familles d'origine hindouiste, voire musulmane, transmettent le savoir de père en fils, d'oncle à neveu. Ces familles montent au Népal pour effectuer deux saisons, l'une en hiver, l'autre en été. Durant les intersaisons, les fêtes religieuses les font revenir dans leur terre d'origine pour retrouver leur famille. Lorsqu'ils effectuent leur saison au Népal, leur employeur leur impose un cahier des charges hautement qualitatif qui distingue le travail effectué au Népal de celui effectué en Inde. De ce fait, il en résulte que les bols chantants tibétains sont fabriqués au Népal par des Indiens hindouistes ou musulmans, puis achetés à Katmandou par des commerçants tibétains (donc chinois) pour les revendre au Tibet. Cela est un peu moins poétique, mais c'est aussi une des réalités qui n'altère en rien la qualité intrinsèque d'un travail vraiment artisanal et localisé dans la région himalayenne.

Les bols tibétains peuvent comporter 12 métaux

Et pourquoi pas 24? Au départ, il s'agit bien de sept métaux qui correspondent aux sept planètes dans la symbolique tibétaine. Pour le reste, il y a des opérations marketing qui tentent d'étendre le nombre des différents métaux sans en apporter aucune preuve. Pour ma part, j'assiste assez régulièrement à la fabrication des bols chantants, ce qui me permet d'en publier des vidéos sur Internet. Par contre, la seule opération à laquelle je n'ai pas eu le droit d'assister reste bien la coulée originale des différents métaux dans le creuset qui permettra de créer la première galette de travail. Autrement dit, lorsque je vous propose des bols 7 métaux, je ne peux même pas vous certifier en un inconscience qu'il y en a réellement sept, comme quiconque pratique cette activité. Ce qui est certain, c'est qu'il y a plusieurs métaux dans l'alliage des bols martelés, et la richesse de l'alliage permet d'obtenir des sonorités supérieures à d'autres. Par exemple, si l'on rajoute de l'étain et de l'argent, le bol tibétain aura plus de sustain que des bols à base de laiton simple.

Les bols tibétains sont régulièrement utilisés par les moines dans les monastères pour les cérémonies.

A titre personnel, ayant séjourné dans de multiples monastères tibétain au Zanskar, au Népal, et d'autres régions du nord de l'Inde, je n'ai jamais vu dans les cérémonies auxquelles j'ai assisté, des moines utilisant des bols tibétains. Cela ne veut pas dire qu'aucun moine n'en utilise dans les monastères, mais je n'en ai jamais vu à titre personnel. Durant les cérémonies, les moines utilisent des Damarus, sorte de gros tambour bifaces, les troncs tibétaines, des sortes de clarinettes à hanches, les cymbales, mes… pas de bols tibétains.

Les bols tibétains antiques (plusieurs siècles) sont supérieurs en qualité.

Qui peut prouver qu'un bol tibétain antique est âgé de plusieurs siècles? Là aussi, il faut garder une certaine honnêteté intellectuelle qui ne détruit en aucun cas la qualité intrinsèque de bol ancien. En général, les bols tibétains antiques que je mets en ligne ont effectivement plusieurs dizaines d'années. Leurs particularités sont d'avoir des parois beaucoup plus fines au martèlement, ce qui permet d'avoir une richesse harmonique plus grande. Contre, leur alliage est souvent plus pauvre en métaux nobles, et il faut chercher longtemps pour en trouver qui soient d'une qualité supérieure. À Katmandou, cette recherche me prend en général beaucoup de temps.

Il n'en reste pas moins que les bols tibétains sont de fabuleux moyens d'accéder à la méditation, à des thérapies diverses, et ce, à partir d'un travail collectif d'hommes qui créent des oeuvres d'art. N'est pas là l'essentiel?